Tuesday 2 June 2015

Je me souviens de lui au cégep en 1995

Choc ce matin en lisant les nouvelles: Jacques Parizeau est décédé. J'ai un oncle qui est mort récemment, mais c'est la mort de Jacques Parizeau qui m'affecte le plus. Tant ses alliés que ses adversaires politiques lui ont rendu hommage, je vais tenter de le faire aussi ici sur mon blogue. Eux l'ont connu. Moi je l'ai vu, mais je n'ai même pas pu lui serrer la main. C'était à un moment historique de l'histoire du Québec, dans les dernières droites de la campagne référendaire de 1995. J'avais 18 ans, j'étudiais au cégep de Chicoutimi. Bastion nationaliste, même encore maintenant (bon an, mal an) la région du Saguenay l'était encore plus en 1995, surtout à ce moment précis. Survoltée, la place? Pas rien qu'un peu.

Enfin bref, ça faisait déjà quelques années que je suivais la politique avec un vif intérêt et j'éprouvais un grand respect pour Jacques Parizeau. Mon idée était faite depuis des quelques années: j'étais indépendantiste, je le suis d'ailleurs toujours. J'allais voter oui, mais au début de la campagne j'étais sans enthousiasme, pensant qu'on se dirigeait vers une défaite. Puis Lucien Bouchard est arrivé en scène, avec l'effet que l'on sait. Et puis la campagne a pris un tout autre tour. Donc, vers les derniers jours de la campagne, alors que tout est encore possible et que finalement on pense avoir une chance de gagner, Jacques Parizeau se pointe au cégep pour faire un discours sur l'heure du midi. Ca n'a duré que quelques minutes, mais c'était très intense. L'atrium était bondé, on pouvait à peine le voir. Parizeau n'a jamais été le tribun qu'était Lucien Bouchard, ni n'a eu cette manière de toucher les gens comme René Lévesque, mais il avait de l'enthousiasme et son public était réceptif, c'est le moins qu'on puisse dire. Je me rappelle assez peu du discours, sauf ce bout de phrase, lorsqu'il disait qu'on ne se séparait pas, qu'on ne partait pas, qu'on "reste chez nous". Je m'en rappelle encore. Le ton, la voix, avec juste assez d'émotion, pleine de fermeté et d'assurance. Aviez-vous peur des lendemains difficiles, advenant la victoire d'un Oui? Pas moi.

Alors voilà, c'est le souvenir le plus vivace que j'ai de Monsieur Jacques Parizeau et surtout le souvenir le plus personnel. Je n'ai pas toujours été d'accord avec lui, surtout pas dans les dernières années, mais j'ai toujours eu du respect pour lui. Il n'était peut-être pas un politicien très charismatique, ni même très habile, mais il était un grand homme d'état. J'aurais pu titrer mon billet un truc du genre, bien grandiloquent, mais celui-ci m'est venu naturellement et il me semble plus approprié.

5 comments:

Cynthia said...

J'avais 9 ans en 1995, et jusqu'à maintenant j'ai un souvenir très précis de son discours de défaite et surtout la mémoire d'une phrase qui m'avait vraiment écoeurée.

PJ said...

Je n'ai pas eu la chance de le rencontrer, mais je me rappelle de l'ambiance funéraire du 31 octobre 1995 au cégep de Jonquière.

Guillaume said...

@Cynthia-Une phrase mesquine et indigne, provoquée par l'amertume de la défaite. Je n'excuse rien, mais Jacques Parizeau était plus que ça.
@PJ-C'était mortuaire partout, le lendemain du référendum.

Debra She Who Seeks said...

Very interesting reminiscence and tribute, Guillaume.

Prof Solitaire said...

Merci de partager.