Thursday, 25 August 2011

Vengeance et cours de religion (récit satirique)

J'ai déjà blogué sur les cours de religion que j'avais au secondaire, en fait j'ai déjà blogué sur le secondaire, dont j'ai souvent des souvenirs désagréables. J'ai eu de bons profs, bien sûr, mais j'en ai eu aussi de profondéments crétins. En fait, côté cours de religion, même les intelligents (il y en avait) étaient plutôt partiellement lobotomisés. Mais dans l'anecdote que je vais raconter, le prof était particulièrement stupide.

Donc, en secondaire 2, alors que j'étais toujours un enfant catholique passablement dévot, j'ai eu une de ces petites révélations sur la bêtise humaine et la bêtise de la foi. Et sur l'immensité d'ignorance du bêtisier qu'est la foi catholique. J'avais un prof profondément sincère, mais profondément ignare (comme bien des catholiques praticants). Ancien prof d'éducation physique, incapable de penser au delà des clichés et des lieux communs, se forçant toujours à transposer toute histoire ou parabole biblique "dans ta réalité à toi". Bien sûr, il était profondément populaire avec les élèves. Les démagogues sont souvent populaires, surtout que les cours de religion, hier comme aujourd'hui, ne sont pas particulièrement particulièrement exigeants, alors il est facile de flatter les élèves dans le sens du poil.

Ce qui m'étonne un peu, c'est que le catholique caricatural que j'étais encore à l'époque s'est rendu compte assez tôt dans l'année de la bêtise du cours et de celui qui le donnait. Il est le seul prof qui m'ait foutu à la porte d'un cours. Je crois que je l'avais bien mérité, ce qui est dommage. Je ne savais pas encore comment m'opposer à l'autorité intelligemment, alors comme tout adolescent j'avais fait le con. Enfin, l'anecdote que je vais raconter après ce long préambule s'est passée avant, quand la relation était déjà fortement antagonisée. On ne parlait donc de je ne sais plus trop quoi, comment un bon chrétien ne devrait pas céder aux tentations de la colère et de tout le reste quand on lui faisait du tort, valait mieux tendre l'autre joue et tout le reste, j'avais donc dit, en bon petit chrétien: "il ne faut pas chercher la vengeance". Le prof, enthousiaste, oubliant un instant que j'étais celui avec qui il ne s'entendait pas, dit: "exactement, comme dit Guillaume, il ne faut pas chercher la vengeance" et d'écrire le mot au tableau. V-A-N-G-A-N-C-E. Un enseignant. Au secondaire. Je me fous qu'il n'enseignait pas le français: il aurait dû le savoir. Même à 13-14 ans, je savais alors que j'avais affaire à une nouille de premier ordre. Je l'ai corrigé: "Vengeance ça s'écrit v-e-n-g-e-a-n-c-e." La réponse du prof, dont je me rappelle comme si c'était hier: "tu dis ça parce que t'aimes ça t'obstiner". Pire que la faute, c'est la pitoyable justification, la lâcheté de ne pas reconnaître son erreur qui m'a mis en colère. Simplement pour ne pas perdre la face, il m'a lancé une attaque ad hominem. Je la ressens encore avec une certaine amertume.

Alors voilà, ce n'est pas très chrétien, mais je ne suis plus chrétien, je suis au demeurant rancunier et j'ai décidé d'avoir ma petite vengeance ici, en racontant cette histoire. Il ne lira sans doute jamais ce billet, mais quand même... On peut bien ventiler sur un blogue.

5 comments:

Prof Solitaire said...

Excellent billet.

J'adore quand un élève me corrige, ça me prouve qu'il était attentif. Et je me fais toujours un devoir de le féliciter et de le remercier.

Même si, je l'avoue, il m'arrive de faire une erreur par exprès, juste pour voir s'ils sont attentifs! ;-)

PJ said...

En ce moment, un ancien prof de d'éducation phusique, recyclé en religion puis en morale à Dom, possiblement à la retraite, doit crier Vangance!.

Maudit que t'es ostineux et rancunié Guillaume. :)

Devadar said...

Jesus-tard.

Guillaume said...

@Prof-Merci. Ce n'est pas tant qu'il ait fait une erreur aussi grossière qui m'a choqué, c'est sa lâcheté après.
@PJ_Il a été prof de morale aussi? Lui?
@Devadar-T'a-t-il enseigné? Il était un prodigieux crétin.

PJ said...

Me semble que la dernière fois que je l'ai vu, il était en morale. En tout cas, il était à Dom dans ma dernière année de secondaire. D'ailleurs, ma prof de français de secondaire 5, c'était le même qu'en secondaire 2. Des fois, on retombe sur le même monde platte.