Sunday 26 August 2012

Un peu de profondeur...

Prof Solitaire a récemment publié un billet où il répondait à des questions lancées par Vincent Marissal sur son blogue il y a quelque temps déjà. Prof s'est prêté à l'exercice et a demandé à ses lecteurs de le faire. Je le fais donc:

-Qu'est-ce que la parole en politique?
C'est l'expression par un politicien (ou une politicienne) de ses idées, sans censure et sans langue de bois. C'est donc une chose rare.


-A-t-on le droit de mentir?
De manière générale, le mensonge est parfois nécessaire, lorsqu'on ne veut pas blesser quelqu'un, ou lorsque dire la vérité risquerait de mettre en danger quelqu'un. En politique, il faut faire une distinction entre une omission et un mensonge. Le secret d'état est surtout une question d'omission: on n'informe pas le peuple ce qui n'est pas dans son intérêt de savoir, afin de protéger par exemple des troupes militaires.

-Y a-t-il une jouissance du pouvoir?
Bien sûr. Ce n'est pas un mal en soi. Cela dit, cela ne doit pas être une fin en soi. Je peux m'accomoder d'un politicien ambitieux si son ambition le pousse à faire de faire de grandes choses. Un homme de pouvoir n'a pas à être égoïste, en fait il se doit d'avoir un sens de l'État et je lui pardonnerai d'aimer le pouvoir.

-La nature est-elle à la disposition de l'homme?
Non. Pas plus qu'elle n'a de compte à lui rendre. La nature, que l'on entende par là l'environnement terrestre, les lois de la physique, de la chimie, est aveugle et indifférente à notre existence, ou à notre éventuelle disparition en tant qu'espèce. Cela dit, comme la nature est aussi l'environnement dans lequel l'homme vit, celui-ci se doit de la préserver.


-Quelle responsabilité avons-nous à l'égard des animaux?
Ce sont des créatures vivantes et dotées d'émotions. Il faut les respecter, les traiter de manière éthique et, autant que se faire se peu, il faut essayer de leur éviter des souffrances.


-Y a-t-il une différence absolue entre le bien et le mal?
Absolument (gag). Oui, mais cette origine n'est pas théologique ou spirituelle. Le meurtre, les génocides, la cruauté sadique, l'esclavage, ce sont tous des manifestations d'un mal qui est, dans l'existence humaine, absolu.


-Qu'est-ce que le sacré?
Étant athée et profondément areligieux, le sacré est un terme qui m'est difficile à définir. Ce qui est fondamentalement bien, peut-être?

-L'homme est-il naturellement sociable ou naturellement violent?
C'est une fausse dichotomie. Il peut être les deux et il l'est souvent. Un animal naturellement social et un animal violent. Ce qui ne veut pas dire qu'il doit être violent. Mais la violence n'est pas en soi contre nature, au contraire.

-Le désir de s'enrichir est-il naturel?
Comme bien des désirs, oui. Le désir de s'enrichir, quand il ne devient pas avarice, n'est pas mauvais en soi. L'argent amène une sécurité matériellle. C'est lorsqu'on veut s'enrichir au dépends des autres, lorsque ce désir domine nos rapports de solidarité et d'empathie qu'il devient malsain.

-De quoi parle-t-on quand on parle de la "dignité humaine"?
Demandez à qui en parle. Non sérieusement, il faut entendre par "dignité humaine" le respect des membres de cette espèce dans leur intégrité physique et morale. Est-ce trop vague?

-Qu'est-ce la démocratie?
 Un système politique où le peuple est l'ultime souverain et décide de l'administration de la cité e, où chaque citoyen et résident peut exprimer ses idées et ses opinions sans peur de répression de la part de l'État.

-Qui est le peuple?
Question difficile. Je suis Québécois même si je ne vis plus au Québec, je fais tout de même parti de son peuple. Je vis en expatrié, je suis un immigrant ici en Angleterre et y suis résident permanent, j'y ai même droit de vote, mais je n'y ai pas ma citoyenneté. Quel est le peuple, donc? L'ensemble des gens qui partagent une culture, une langue (parfois plus qu'une), une histoire commune, y compris ceux qui ont décidé de l'adopter en s'intégrant de façon entière à cette communauté de gens. Ce qui me fait croire que je ne ferai jamais partie du peuple britannique.


-Qu'est-ce que "la République"?
 Un système politique où le peuple est l'ultime souverain et décide de l'administration de la cité e, où chaque citoyen et résident peut exprimer ses idées et ses opinions sans peur de répression de la part de l'État. Oui, je crois que république et démocratie sont synonymes. En fait non, je crois qu'essentiellement la république découle de la démocratie (elle ne peut être république sans démocratie), qu'elle en est en fait l'aboutissement logique et complet.

-Où passe le clivage droite/gauche?
Au départ, le clivage droite/gauche représente un clivage entre conservateurs (droite), et réformistes (gauche). L'ennui, c'est qu'il ne tient plus. Un homme de droite qui veut que l'état s'immisce dans la vie de couple est pour l'interventionnisme de l'état, de facto. Il y a des gens de gauche qui sont pour un meilleur partage des richesses, pourtant ne veulent pas de séparation entre l'Église et l'État, ou alors sont prêts à accomoder des comportements religieux rétrogrades (donc conservateurs) au nom du multiculturalisme (valeur de gauche, du moins en théorie). Quant à moi, le seul vrai clivage qui tienne est entre humanistes et obscurantistes, lesquels peuvent être conservateurs ou d'une gauche bonasse/naïve.

-Le travail est-il un moyen de réalisation, d'épanouissement, ou une servitude?
Encore une fois, c'est une fausse dichotomie. Il peut être l'un ou l'autre, ou même tout ça successivement. Il est important de se réaliser dans son travail, mais souvent par nécessité (les emplois sont rares) ou par habitude il devient une servitude.

-Comment définir le bonheur?
Tu parles d'une question! Un état de contentement sans culpabilité, sans souffrance (sauf pour les masochistes), sans angoisse qui viennent le gâcher. Même cette définition est insatisfaisante.


-La vie a-t-elle un sens?
Non. Notre existence en tant qu'espèce et notre développement en tant qu'individu est dû à un concours de circonstances qui n'a absolument aucun sens.


-L'existence humaine comporte-t-elle sa part d'absurdité? 
L'existence humaine est en soi absurde. Chaque être humain est sur ce monde par chance.

3 comments:

Prof Solitaire said...

Excellentes réponses. Tu as raisons, certaines questions constituent des dichotomies artificielles.

Très bon analyse du clivage gauche-droite.

Mais ta réponse à la 3e question est incomplète...

Merci d'avoir joué le jeu!

Guillaume said...

Voilà c'est corrigé. En ce qui concerne le clivage gauche-droite, je me demande s'il tient encore. J'aurais pu développer là dessus: si t'es un homosexuel qui veut se marier et avoir des droits égaux, mais qui est un capitaliste et n'aime pas payer des taxes, es-tu de droite? Si t'es un socialiste homophobe (ça existe, Fidel Castro par exemple), es-tu vraiment de gauche?

Louise said...

Tu as travaillé fort Guillaume. Tu m'as fait réfléchir.
J’avoue être jalouse de ta franchise lorsque tu parles de la jouissance que procure le pouvoir. J’ai parfois ressenti un certain bien-être lorsque j’ai pu démontrer mon pouvoir lors d’un évènement. Mais je suis plus souvent choquée lorsque je suis témoin d’abus.