Le sujet de ce billet m'est venu à la relecture de celui-ci. Il m'est venu à l'esprit que, bien que j'aie lu sans doute une centaine de pièces de théâtre dans ma vie (je ne crois pas exagérer), bien que j'aie joué dans un certain nombre de pièces, j'en ai très peu vu sur scène. Mon appréciation du théâtre est donc principalement littéraire, intellectuelle et par conséquent désincarnée. J'ai déjà enseigné Phèdre de Racine, par exemple, sans jamais avoir vu la pièce. Ce n'est pas un mal: l'interprétation d'une pièce est par définition partielle et subjective et peut engendrer son lot de fausses perceptions. Prenons le personnage de Phèdre comme exemple: s'il est joué par une actrice trop âgée, ça ne colle pas et c'est à mon sens une erreur. Comme le disait Pierre Gravel à l'époque où j'étais étudiant à l'U de M: "elle doit être assez mature pour être mère elle-même, mais assez jeune pour s'estimer susceptible de plaire à un jeune homme. Sans cela, c'est une vieille peau frustrée." Je cite de mémoire, donc je paraphrase. Des années plus tard, les propos de Gravel me sont revenus à l'esprit quand j'ai eu à préparer mes cours. Ils ont aussi engendré une saine méfiance de certains aspects du métier d'acteur, métier que j'ai pourtant exercé en amateur, avec d'ailleurs beaucoup de plaisir.
Donc, avoir comme source première le texte sur papier et rien d'autre permet de voir la pièce dans ce qu'elle a d'essentiel, sans être distrait par une interprétation particulière. Cela dit, une perspective nous manque, celle de la représentation. Il reste quand même qu'une pièce doit être jouée devant public. Malgré tout, et malgré tout le plaisir que j'ai tant à jouer qu'à aller voir du théâtre, je préfère d'abord lire la pièce, ensuite aller la voir.
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