Les jupes ecclésiastiques et juridiques

J'ai lu récemment un texte de mon héroïne québécoise Marie-Michelle Poisson, un texte troublant sur la Messe rouge, cérémonie que je ne connaissais pas. On lit ça et on croit que ça se passe durant la Grande Noirceur, avec les jupes ecclésiastiques et juridiques qui se rencontrent dans une petite célébration qui a tout d'un rapport aussi anachronique qu'incestueux. J'ai déjà déploré qu'un juge québécois prenait la suprématie de Dieu bien au sérieux. Maintenant, j'ai peur qu'il ait des confrères qui partagent ses idées. Ca me désespère et me fait sérieusement douter de l'intelligence des gens de loi.

Il était temps!

Je viens de lire le Manifeste pour un Québec laïque et pluraliste. Il était temps. C'est peut-être le meilleur texte sur les récentes controverses de la place de la religion dans l'espace public québécois. Et je ne suis pas surpris de trouver mon héroïne parmi les signataires.

Bondieuseries

Quelques nouvelles du Québec m'ont fait bondir hier. D'abord, Naema s'est en douce inscrite à un cours de francisation...en gardant son niqab. L'attitude timorée du gouvernement et des autorités intéressée ne me décourage pas, elle me scandalise. Aujourd'hui j'apprends qu'elle s'est fait expulser à nouveau. C'est bien, mais aura-t-on droit à un autre psychodrame? Elle n'aurait jamais dû être réinscrite où que ce soit avec son suaire sur la tête. Lisez ici l'excellent papier de Mario Roy sur la controverse. J'ai la désagréable impression que les fondamentalistes, toutes religions confondues, veulent tester l'eau. Pas de façon concertée, non, mais instinctivement.

Ensuite, on permet l'enseignement de la religion dans des garderies subventionnées (on peut lire dans cet article les réactions de mon héroïne). Et le ministre Tony Tomassi n'y voit aucun problème, arguant que la garderie est l'extension de la famille. Non, gros tata, une garderie, c'est là où l'enfant prend contact avec la société et on devrait y enseigner des valeurs communes, pas particulières. Et ces valeurs communes sont laïques. Enfin, Tomassi se fait vertement critiquer, mais quand est-ce que ça l'a empêché de dire des conneries par la suite?

Le vent de bondieuseries qui s'abat sur le Québec m'inquiète de plus en plus.

Ma nouvelle héroïne

Mes lecteurs savent à quel point la séparation de l'Église et de l'état me tient à coeur et, conséquemment, que je trouve aberrante l'idée que des fonctionnaires, employés de l'état, puissent arborer des signes religieux, y compris mais pas exclusivement le voile islamique. Or récemment, un certain benoît Renaud de Québec Solidaire a écrit une lettre d'opinion publiée dans le Devoir, en réponse à une autre lettre d'opinion, défendant le port du voile islamique et faisant d'odieuses attaques envers les laïcs comme moi, les traitant ni plus ni moins de racisme, d'intégrisme laïque (faudra un jour m'expliquer ce que c'est, surtout au Québec, qui a souffert sous l'obscurantisme religieux pure laine pendant des générations), enfin bref de tous les maux. C'est rempli d'attaques ad hominem, d'accusations intempestives et ça m'a un peu mis le feu quand j'ai lu ce minable merdier. Parce que c'est ce que c'est. Monsieur Renaud me rappelle pourquoi je me qualifie d'humaniste laïque mais jamais (jamais plus) de social démocrate ou "de gauche". Enfin bref...

Je songeais à lui répondre, jusqu'à ce que je lise la brillante réplique de Marie-Michelle Poisson, présidente du Mouvement laïque québécois. Brillant, cinglant, inébranlable comme argument. Je ne suis pas membre du MLQ, vivant à l'étranger je suis plus porté à suivre et appuyer ce que la British Humanist Association fait, mais je suis quand même ce qui se passe dans ce domaine avec attention. J'aimais déjà beaucoup le MLQ, maintenant cette excellente lettre de sa présidente me la fait placer dans la liste des femmes que j'admire. Pas autant que Cate Blanchett, mais assez pour que je la considère comme une héroïne.