Mon père m'a envoyé cet article récemment: il y aura une adaptation sur les planches de L'Orange Mécanique. Qu'une oeuvre d'Anthony Burgess soit présentée est en soi une bonne nouvelle qui illustre sa contemporanéité et sa pertinence, je comprends et je partage l'enthousiasme de la production, nécessaire pour que la pièce soit un succès, mais j'ai déjà quelques réserves. J'ai découvert Burgess à travers A Clockwork Orange, ce n'est pas son plus grand roman, mais c'est quand même un excellent roman. C'est bien entendu son oeuvre la plus connue. Je comprends qu'on n'adapterait pas au théâtre ses oeuvres moins connues, pas dans le monde francophone en tout cas. Cela dit, je suis sceptiques quant à deux décisions sur cette interprétation:
-À lire l'article, ce sera une adaptation du film, pas du roman. Or, le film est déjà une adaptation, est déjà une interprétation de l'oeuvre originale. Il y a beaucoup de mérites au film de Stanley Kubrick, mais justement cette interprétation existe déjà. Je ne pense pas qu'on devrait faire une adaptation fidèle du livre, en fait Burgess lui-même dans le scénario qu'il avait écrit réinterprétait complètement L'Orange Mécanique. Sauf que j'aurais aimé une interprétation fraîche, nouvelle, originale. On ne peut sans doute plus faire abstraction du film, mais ce serait bien que la pièce ne soit pas un clone sur planches.
-La question du nadsat. Ils veulent en faire une langue "plus québécoise". Je ne sais pas trop ce qu'ils veulent dire, sinon qu'ils veulent le joualiser et donc le dénaturer un peu. Le nadsat n'était pas du cockney ou de l'argot contemporain à Anthony Burgess pour une raison simple: la langue de la rue change. Le nadsat étant un argot inventé, atemporel, il est par conséquent toujours contemporain. Je me rappelle qu'adolescents mes amis et moi l'on avait commencé à utiliser certaines expressions du film. Le nadsat est aussi une contamination, une langue de la rue et d'une adolescence anarchiste et violente qui échappe au contrôle social. J'ose espérer que ça ne sera pas dénaturé dans sa québéquisation.
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