Une autre controverse entourant Noël sévit sur le Québec récemment: la suppression d'une crèche à l'hôtel de Ville de Ville Mont-Royal. Réagissant à la controverse, un certain Aubert Martin a écrit un texte publié dans La Presse, que j'ai lu durant mon heure de lunch. Indigeste, c'est le moins qu'on puisse dire et pleins de raisonnements fallacieux. Je ne veux pas varger sur un simple citoyen qui, contrairement disons à un cardinal, n'est pas un personnage public. Cela dit, il a pris la parole dans un débat public, il a fait publier son texte dans un journal, le texte a été le plus populaire dans la section Débats de Cyberpresse, alors je me permets de débattre. Et en tant qu'humaniste athée et laïque, je me sens un peu interpellé par le chapelet d'attaques ad hominem d'un père de famille bondieusard.
Ce n'est pas à la demande des athées que l'on a enlevé la crèche à Ville Mont-Royal: c'est pour accomoder les tenants d'autres religions. C'est une décision profondément absurde, une décision stupide provoquée par une frilosité multiculturelle bien canadienne. Mais ce n'est pas mon problème. Noël est une fête dont les origines remontent à bien avant le christianisme, mais il serait futile de renier l'apport des mythes chrétiens (oui, la Nativité est un mythe) à l'imagerie et même au sens de la fête. Ca va de soi. Je suis donc pour la présence de la crèche à peu près partout durant le Temps des Fêtes: elle est un ajout chrétien à une fête qui ne l'a jamais complètement été. Je ne peux parler qu'en mon nom, mais je ne pense pas que bien des athées aient une dent contre la crèche, contre les cantiques de Noël, etc. Au Québec ou ailleurs. Mais même si c'était le cas, la crèche en question n'a pas été enlevée à cause d'athées militants. Aubert Martin fait donc un grossier et malhonnête procès d'intention.
Personne ne veut lui enlever, à lui ou à un autre citoyen, le droit de croire. Il peut croire à tout ce qu'il veut, Dieu, Jésus, la Nativité (même si on sait maintenant que c'est une pure fabrication), et quoi encore. Il peut exprimer sa foi en public. Mais il ne peut pas, en tout cas ne devrait pas, l'imposer dans les institutions publiques. Nos élus ne devraient pas soumettre leur fonction à un Dieu hypothétique ni faire la promotion de leurs croyances. Les enseignants ne devraient pas faire la promotion de leur foi, ni enseigner des mythes comme le Créationnisme comme si c'étaient des faits. Et cela dit, la liberté d'expression n'est pas l'impunité d'expression: si un croyant croit, alors je me permets de lui demander pourquoi, surtout s'il fait la promotion de sa foi en public, surtout s'il utilise sa foi pour baser son opinion sur, disons, les homosexuels, les femmes, les gens comme moi qui ne croient pas.
J'espère aussi ne pas être le seul à avoir remarqué la fausse perception de Monsieur Martin en ce qui concerne les athées: nous ne prétendons pas que Dieu n'existe pas, nous ne croyons pas en une non croyance. Nous rejetons l'affirmation que Dieu existe, parce qu'il n'y a pas de preuve de son existence, encore moins, si jamais il existe, de ses intentions. Attaques ad hominem, non sequitur, utilisation d'un mot inexistant ("laïciste"?), mélange des genres et procès d'intention... Je disais indigeste, mais je dirais aussi indigne de publication.
Ouais, le "laïciste" me tique aussi. Peut-être voulait-il parler plutôt de l'aillicine, toutes les vertues de l'aïl sans son petit côté désagréable.:)
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