Mon petit frère m'a récemment suggéré deux choses: 1)ploguer un bouquin écrit par notre cousin et 2)faire de même, je veux dire écrire un bouquin. Pour la deuxième, ce sera difficile et un peu long. Pour la première, ce billet est la plogue en question. Si, si.
Je dis plogue, car je ne peux honnêtement pas parler de critique: je n'ai pas encore lu le livre. Même si je l'avais lu, je serais biaisé. Samuel Archibald, "geek de service à l'UQAM" (je le cite) et accessoirement mon cousin de par ma mère (son père est le frère de ma mère et mon parrain), a donc écrit un livre sur Arvida, ville où il est né et a grandi, ville où ma mère est née et a grandi et où j'ai passé beaucoup de temps durant mon enfance. C'est une sorte de recueil de contes/nouvelles/histoires d'horreurs/autobiographie/récits épiques. Cette description est sans doute profondément inexacte, mais je crois que c'est quand même un peu ça. Un livre de fiction qui fait la chronique vraie d'une ville maintenant inexistante (elle a été fusionnée), il fallait que j'en parle sur un blogue qui s'applique Vraie Fiction, même si je ne l'ai pas lu.
Comment ploguer un livre jamais lu? Parler de l'auteur serait un peu trop facile et je ne connais pas beaucoup Samuel Archibald l'auteur. Pour moi il est Sam le cousin. Mais je connais la ville pour y avoir passé beaucoup de temps durant mon enfance et pour y avoir joué avec Sam. Et je connais Samuel le conteur. Alors je vais raconter ici deux anecdotes, une sur lui et Arvida, une autre sur moi et la ville.
Il fut un temps où mes frères et moi étions fascinés de cryptozoologie: nous croyons au yéti, au monstre du Loch Ness, etc. Or Samuel nous avait fait croire qu'il se cachait dans le Sentier du Golf à Arvida un dinosaure, ou un fantôme, ou un dinosaure et un fantôme, ou un fantôme dinosaure. Ca semble absurde raconté comme ça, mais je dis l'exacte vérité: on croyait qu'il y avait quelque chose, une entitée sinistre, dans le Sentier menant au golf. Je crois que Sam avait fini par y croire aussi. On y avait marché et un coup de vent nous avait fait frissonner de terreur. L'angoisse jaillissant d'une journée de fin d'été, dont j'ai déjà parlé ici, je l'ai connue à ce moment-là. Alors voilà la première anecdote: Samuel était alors déjà un conteur et avait rendu vraie dans nos esprits une histoire invraisemblable.
La seconde anecdote est celle-ci: j'étais en Italie chez une amie, je passais une matinée dans son salon à écouter du Mozart sur un vieux vinyle. Tout le mobilier était vieux, les Italiens ont souvent je crois une affection pour leurs vielles choses. Il y avait là un globe terrestre, d'une autre époque lui aussi. Or, sur ce globe terrestre, il n'y avait pas indiqué Chicoutimi, ou Jonquière, ou aucune autre ville sur le Saguenay. Il y avait seulement Arvida.
Thomas Hellman pas plus tard qu'hier sur les ondes de la Première Chaîne a comparé notre cousin à rien d'un moins qu'un Hemingway québécois à l'émission Plus on est de fous, plus on lit (celle du 5 septembre, à environ 30 minutes dans le programme qu'on peut écouter dans l'audio-vidéo à droite de la page). Je l'ai dit et je le répète, ça mérite un daiquiri.
ReplyDeleteMise-à-jour: je viens de recevoir le bouquin. Je n'ai lu ni Proust, ni Hemingway, mais torrieu que c'est bizarre de lire des histoires (vraies fictions) sur sa famille, dans un livre. Il écrit bien d'ailleurs, et ses divagations et changements de niveau lexical sont de toute évidence congénitaux. Il y a un gros air de famille dans le texte, que tous ces autres lecteurs, de Marie-France Bazzo à des auteurs inconnus de livres poches, ne peuvent pas percevoir ou comprendre. Va falloir absolument que tu le lises, c'est fort unique comme expérience.
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