Wednesday, 13 August 2008

Quand Montréal brûle

J'ai hésité avant de bloguer là-dessus. Parce que c'est un sujet à la fois proche de moi (je viens de la ville qui a été touchée) et étranger à moi (je ne vis pas à Montréal-Nord, ne suis pas issu de l'immigration et je ne suis pas policier). Mais les cas de violence comme ça me touchent particulièrement quand il s'agit de ma ville. Alors donc, Montréal-Nord s'est embrasée (pour utiliser une expression consacrée) dimanche soir à Montréal, victime d'une émeute provoquée par la mort d'un jeune aux mains de la police. Voilà, en résumé. La situation est complexe: les citoyens de Montréal-Nord sont souvent issus de l'immigration, ils sont souvent objet de racisme, sont aux prises avec une exclusion économique et doivent aussi composer avec la présence dans leur secteur du tout nouveau groupe de criminels organisés que forment les gangs de rue. D'un autre côté, la police doit faire face à l'hostilité de la population de Montréal-Nord, une hostilité qui parfois sombre dans la violence. Je n'aimerais pas patrouiller le secteur, si j'étais flic. Je trouve incongru que dans l'accident (tout porte à croire que ce n'était pas un geste malicieux de la police) qui ait entraîné mort d'homme, les deux agents impliqués aient relativement peu d'expérience. Il me semble que c'était une recette pour provoquer une bavure monumentale. Je suis aussi sceptique quand à la capacité du SPVM de faire face à la crise. Yvan Delorme, pour qui j'ai déjà eu du respect, avait fait preuve d'un manque de jugement troublant et d'un jovialisme franchement obscène dans sa gestion de l'émeute qui avait suivi l'élimination des Bruins par le Canadien plus tôt cette année. Le SPVM sous son leadership ayant été incapable de calmer une foule constituée de partisans ivres, peut-il affronter des émeutiers autrement plus coriaces?

Cela dit, je me refuse à blâmer le policier qui a abattu le jeune Villanueva. Parce que le policier a dû réagir en quelques secondes à une situation de stress, alors que sa collègue était attaquée (un point essentiel, selon moi), dans un coin de Montréal particulièrement violent, surtout envers ceux qui portent l'uniforme. Je peux comprendre qu'il ait cru sa collègue en danger. Elle l'était peut-être. Il y a sans doute eu bavure, il n'y a pas pour autant eu crime. Je comprends la colère des parents de la victime, mais le chagrin peut obscurcir le jugement, il peut aussi mettre le feu à la poudrière. Mon opinion est exprimée avec plus d'éloquence dans ce texte d'un policier du SPVM.

Je ne sais pas trop pourquoi j'écris ce billet. Parce que c'est ma ville qui a été atteinte. Parce qu'on risque de revivre des moments pareils, et parce que je crains que les gangs de rue vont en profiter pour mousser leur popularité dans un milieu vulnérable, de la même manière que les motards criminalisés l'ont fait dans les années 90, tentant de se montrer comme des bons gars affrontant le système alors que les bombes sautaient à Montréal.

Enfin, voilà, my two cents d'un expatrié qui s'ennuie de sa ville malgré tout.

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