Thursday 22 October 2009

Elle n'y comprend toujours rien

En commentant la récente controverse entourant les demandes des juifs hassidiques pour traiter avec des fonctionnaires masculins de la SAAQ (demandes accordées à chaque fois par la SAAQ), la chroniqueuse Lysiane Gagnon a pondu un vrai petit bijou de mauvaise foi. Ce n'est pas la première fois qu'elle prend des positions contradictoires avec ses positions d'habitude laïques. Elle ne voyait pas non plus de problème à ce qu'une fonctionnaire, supposée représenter la neutralité de l'État, porte le voile islamique. J'ai déjà commenté son attaque hystérique contre l'autobus athée. Je lui avais envoyé un long courriel à ce propos, auquel elle a répondu par un laconique "merci de votre lettre". Là elle en remet, confondant le rapport client-entraîneur dans un gym privé avec le rapport d'autorité fonctionnaire-citoyen. Pire (et franchement plus comique), elle semble ne pas faire de différence entre un examen médical, forcément plus intime, et un examen de la SAAQ, entre le renouvellement d'un permis de conduire et un toucher rectal. Encore heureux qu'elle soit devenue journaliste et pas fonctionnaire!

Mais ce qu'ultimement elle refuse de saisir, c'est qu'en société, il y a forcément des croyances religieuses marginales qui ne peuvent pas être accomodées. Chez les juifs ultra-orthodoxes, chez les islamistes, mais aussi chez les chrétiens fondamentalistes. Et qu'il est anormal que parce que quelqu'un mette sur un préjugé l'étiquette de la religion (quelle qu'elle soit), il ait droit à un traitement de faveur et à se dissocier des lois et des règlements auxquels tout citoyen doit se soumettre. Anormal et franchement indécent, car la liberté de religion l'emporte sur toutes les autres dès que les fondamentalistes l'invoquent. Comme le disait Josée Boileau dans son excellent éditorial sur la question: "Il y a une grande hypocrisie actuellement à ne pas reconnaître que c'est le religieux qui l'emporte sur toute autre considération dès que la liberté de religion est invoquée." C'est un constant d'une grande lucidité. Au Québec comme ailleurs en Occident, l'espace public occupé par une population de plus en plus laïque se fait kidnapper par une minorité religieuse (toutes confessions confondues) de plus en plus bruyante et intégriste. Mme Gagnon a refusé de le voir à plusieurs reprises cette année. Comme disent les Anglais, "she lost the plot".

Mise à jour: Lysiane Gagnon en remet dans sa chronique d'aujourd'hui. Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qu'est l'intégrisme laïc?

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